jeudi 13 août 2009

Atelier Photo (post 3)

Partie 2 : Particularités de l'appareil photographique (Lien)
Sources : Hyperphysics, Wikipedia, Clarkvision "Eye resolution", Clarkvision "Evaluation 1D"
Avec ses 6 millions de cônes et ses 120 millions de bâtonnets, l'oeil humain possède des capacités qui dépassent tous ce que la technique actuelle peut faire.
Si la comparaison était nécessaire, alors voici les chiffres.

Les cônes de notre fovéa sont au nombre de 6 à 7 millions. C'est peu me direz-vous? Cependant, ils se trouvent tous dans une zone de 0,3mm de diamètre. Si le capteur APS-C d'un réflex Canon avait une telle densité de pixels, il en possèderait 28 040 millions!
Par ses mouvements rapides et précis, notre oeil arrive à fournir une image détaillé du monde qui nous entoure. Cette image est reconstituée par morceaux par notre cerveau, si bien que la fovéa de 0.07mm² est suffisante pour nous procurer une formidable acuité visuelle.

Afin de nous fournir une vision à 180°, la fovéa est secondé par le reste de la rétine et ses 120 millions de bâtonnets. Leur spécialité est la sensibilité, et dans ce domaine aussi, la nature surpasse de loin la technologie. Dans un même champ de vision, de nuit, notre oeil est capable sans mouvement de l'iris, de résoudre une image contrastée à un facteur de 1 sur 1 millions. De son coté, un réflex haut de gamme comme le 1D Mark II ne procure qu'un facteur 1 sur 3190, soit 300 fois moins.

Si je parle de tout ça, c'est pour vous montrer à quel point l'utilisation d'un appareil photo va demander que l'on puisse se plier à ses limites. Ce n'est pas parce qu'une scène est belle à l'oeil nu qu'on pourra faire passer cette impression par un cliché.

Voici donc les particularités majeures qui font la différence entre la perception humaine et celle d'un appareil photo.

La focale et la perspective (Lien)
Sources : L'internaute, photo numérique, Wikipedia
Si notre oeil bouge pour aller chercher les parties de l'image une par une, la photographie, depuis son invention, se base sur le principe d'impression en une seule fois sur une surface sensible de taille fixe. Partant de là, le problème de la mise à l'échelle se pose, et la notion de focale intervient.
Comme la partie 3 de cet atelier est destinée à décrire les aspects techniques, je vais passer ici sur le phénomène physique de projection de l'image, pour en arriver directement aux résultats.

Voici un exemple de la mise à l'échelle effectuée par un changement de focal d'un appareil photo:

Selon la focale choisie, la photo ne couvrira pas la même zone du paysage. Plus la focale est grande, plus la zone couverte est petite. Pour plus de photos illustrant cette mise à l'échelle, un post de blog lui est dédié.

Jusque là c'est assez simple, mais que se passe-t-il si je change la focale, et que je me déplace pour que mon sujet garde la même taille sur le cliché?
Alors la perspective va changer.

Voici une photo prise au 24mm:













De ce point de vu, on va reculer de quelques pas, puis augmenter la focale de l'appareil pour prendre une seconde photo:











On va alors encore reculer de quelques pas, puis augmenter encore la focale (la doubler en fait):












On va la doubler une nouvelle fois, puis reculer encore pour que ce sujet garde la même taille dans l'image:












Comme on peut le voir, entre la première et la quatrième photo, l'arrière plan a radicalement changé. Alors qu'on apercevait sur le premier cliché le point de rencontre de la passerelle et du rocher, il est totalement hors de champ sur le dernier.
Ce phénomène est à connaître tant il est utile à la composition. Un visage et en effet bien mieux mis en valeur sur un fond flou et sans détails.

La profondeur de champ (Lien)
Source : Cours de photo de G.Desroches

On vient de le voir avec les focales, il est possible de rendre une partie d'une image floue, notamment lorsque la focale augmente. En laissant de nouveau l'explication technique pour la partie suivante de l'atelier, on va se limiter à parler de ce phénomène en lui même, c'est ce que l'on appelle la profondeur de champ.

D'un point de vu physique, il n'est pas possible avec un appareil photo tel que nous les connaissons, d'avoir une image sur laquelle tous les objets sont nets quelque soit leur distance avec l'objectif. Pour chaque cliché, il y a une zone dans laquelle tout sera net, et une autre où ils seront flous.

Voici deux exemples de photos avec deux profondeurs de champ différentes:

Profondeur de champ 30cmProfondeur de champ 2,4m
Sur l'image de gauche, la profondeur de champ est de 30cm. On constate que sur la vue de profil un seul des trois personnages est net.
Sur l'image de droite, la profondeur de champ est de 2,4m. Ceci est suffisant pour englober les trois personnes et elles sont donc toutes les trois nettes.

Tout comme la focale, le choix de la profondeur de champ, et donc des zone que l'on souhaitera net et celles que l'on souhaitera floues, va jouer un rôle important dans la composition des photos.

Le contraste (Lien)

Comme on l'a vu, l'oeil humain est incroyablement plus sensible qu'un appareil photo. Mais il supporte également de plus grands contrastes.

Imaginez ce coucher de soleil vu à l'oeil nu:

Si vous prenez votre appareil photo pour le fixer, malgrès tous vos essais, vous n'arriverez qu'à obtenir ça:

Ou ça :


Soit l'appareil va exposer correctement les maisons, mais dans ce cas le capteur va être en quelque sorte ébloui par le ciel.
Soit il va exposer correctement le ciel, mais dans ce cas ce sont les maisons qui seront toutes noires.

C'est un des problèmes majeurs en photographie, et c'est pour cette raison qu'un grand nombre de techniques existent pour y palier (jamais aussi bien que notre oeil cependant).
Pour l'image ci-dessus, avec le ciel et les maisons correctement exposées, j'ai utilisé deux de ces techniques, le HDR et le Tone Mapping. Malheureusement, comme les posts de cet atelier sont limités à l'usage de l'appareil photo seul, il vous faudra vous renseigner ailleurs pour en savoir plus sur ces techniques (souvent regroupées toutes les deux sous le terme unique de HDR).

Quelques clichés représentatifs des spécificités des appareils photo (Lien)

La première est relative au contraste dont on vient de parler. Ici, comme la source de lumière est derrière le sujet, il faut impérativement compenser le contraste important entre le paysage et le sujet, ou alors on obtiendra le même rendu que les deux dernières photos dont j'ai parlé.
Ceci est fait à l'aide d'un flash qui va éclairer le visage du sujet pour lui apporter la lumière qui diminuera le contraste. Comme quoi même en plein soleil, un flash est très utile.


Uncooperative, première mise en ligne par isayx3.
Sans flash maintenant, il est aussi possible d'avoir une belle lumière pour éclairer un visage, il faut simplement que le soleil nous la fournisse. Sur ce cliché, le soleil est tellement bas sur l'horizon, et face au sujet, que l'on obtient une belle lumière qui fait disparaitre les ombres sur le visage et le rend plus joli.


Maevev, première mise en ligne par susan catherine.
Et si parfois on voulait qu'une partie de la scène soit toute noir? L'appareil photo a cette limitation de contraste, certes, mais les philosophes savent que toute limitation est une porte ouverte vers un nouvel élan créatif.
Voici donc un contre-jour réussi. Les personnes sont toutes noirs, mais c'est voulu et ça rend bien.


Fishing at Sunset, première mise en ligne par paulRcsizmadia.
Tenez! Et si en plus d'utiliser le flash pour compenser une source lumineuse naturelle placé derrière le sujet, on faisait ça au coucher du soleil avec une longue exposition pour saisir aussi l'arrière plan peu lumineux?
Et bien ça donnerai ce qu'on appelle la synchro lente.


Strobist Bootcamp Looksmart, première mise en ligne par emarc.
L'obturateur reste ouvert longtemps pour capter ce qui est peu lumineux, et on donne un coup de flash pour éclairer correctement ce qui n'est qu'à quelques mètres.

On peut aussi faire ça avec trois flashs cachés à plusieurs endroits dans la scène.


Bride at sunset, première mise en ligne par daviddettmann.
Maintenant, si on prend des photos avec une longue exposition, on peut se demander ce que cela pourrait donner si on se mettait dans le noir et qu'on déplaçait une lampe de poche dans la scène pendant que l'obturateur est ouvert.
Et bien ça donnerai quelque chose comme ça:

Et si ce n'est pas une lampe de poche, mais des répliques de sabres laser de différentes couleurs, on peut aussi faire ça:


8-D, première mise en ligne par Hobsonish.
On peut aussi, avec avec une longue exposition, photographier les étoiles. Mais comme la terre tourne...


s t a r s, première mise en ligne par Gerard74.
Si on utilise de faibles vitesses d'obturation de jour, on obtiendra un flou qui peut donner une forte impression de mouvement.


Rush Hour, première mise en ligne par Maria Kristin Steinsson.
Il est aussi possible avec le même réglage, de suivre un sujet en mouvement.


Out Of The Crowd, première mise en ligne par brtsergio.
On peut aussi utiliser une faible vitesse d'obturation pour photographier de l'eau qui coule.


Where Buruwisan Flows, première mise en ligne par allanbarredo.
Par opposition, on peut avoir besoin de hautes vitesses d'obturation pour figer immobile un sujet en déplacement constant.


Crowd Surfing @ Wakestock 2009, première mise en ligne par Stéphane Lam.
On l'a vu, l'objectif est un élément primordiale qui comporte ses avantages et ses défauts.
Imaginez que l'on veuille montrer sur un seul cliché tout ce qui nous entoure. On utilisera alors un objectif à très courte focale, aussi appelé fish eye. Il est très déformant, mais il nous montre dans un seul cadre ce qui se trouve sur 360°


Times Square fisheye looking straight up, première mise en ligne par crowt59.
Pour prendre une telle photo, l'appareil a été mis à l'horizontal avec l'objectif pointé vers le zénith. Le centre de l'image représente donc le ciel à la verticale de l'observateur, et le tour du cercle le paysage tout autour de lui.

Et si on faisait l'inverse? On ne veut voir qu'une toute partie du paysage, mais l'agrandir. On prendra alors un objectif à longue focale, aussi appelé objectif de paparazzi ;-)


Miffy Lost in Golden Week Crowds, première mise en ligne par jamesjustin.
Comme on l'a vu, ce type d'objectif écrase la perspective. Ce qui se trouve sur plusieurs plans plus ou moins éloignés apparait sur le cliché à la même taille.
Ce type d'objectif est, comme on peut s'en douter, très utilisé en photo animalière.

La longue focale est très utile pour grandir un objet éloigné, mais un de ses défauts est également utilisé comme avantage : il a une faible profondeur de champ. Ainsi, c'est l'un des meilleurs choix pour faire un portrait. Le visage est mis en valeur par un arrière plan flou.


aerii, première mise en ligne par Nen August.
En ce qui concerne le flou, il y a un autre type d'objectif bien connu pour en produire. Pour la même raison que les longues focales, les objectifs macro ont une profondeur de champ très limité, seulement quelques centimètres. Ces objectifs sont appelés ainsi parce qu'ils ne sont capable de faire la mise au point que de quelques centimètres à 50cm ou 1m, pas plus. Aussi, ils sont uniquement utilisés pour photographie les détails et autres petit objets ou animaux.


In the fence, première mise en ligne par Sandra_R.
Ce phénomène de flou est tellement connu de façon inconsciente par notre cerveau, qu'il est même utilisé pour faire ce que l'on appelle de fausse miniatures. Cela consiste à prendre en photo un paysage, puis à flouter sur ordinateur tout ce qui n'est pas dans une certaine plage de distances. On obtient une impression de miniature sur une scène en réalité à taille humaine. L'effet est particulièrement saisissant sur un paysage urbain.


Musée d'Orsay in Miniature, première mise en ligne par hburrussiii.
En réalité, une vrai miniature ça donne plutôt ça:


Dining Hall, première mise en ligne par JD Luse.
Cependant, il n'est pas indispensable de passer par une retouche sur ordinateur pour créer une fausse miniature, les objectifs à décentrement sont capables de reproduire cet effet de façon purement optique, comme avec ce TS-E 45mm de Canon:


IMG_4147, première mise en ligne par pier_yv.
En parlant des retouches par ordinateur, celui-ci peut aussi servir à modifier un paysage pour le rendre plus imaginaire et impressionnant (cliquez sur l'image pour en savoir plus sur sa composition.).


the rock of cashel ireland, première mise en ligne par *~peedge~* (away).
On peut aussi dupliquer sur une seule photo un personnages pris sur plusieurs clichés.


Crowded room, première mise en ligne par fleuraudet.
On peut aussi compenser la limitation de contraste de l'appareil photo en combinant les photos sous et sur exposés que je vous ai montrées au paragraphe précédent.


Moonrise over Haro Strait, première mise en ligne par Kalamakia.
Ne vous fiez pas au caractère épuré de cette photo. Aucun appareil au monde ne peut capter un paysage de nuit avec la lune et ses cratères. L'astre sélénite est bien trop lumineux pour ça.
Un cliché comme celui-ci est obtenu en prenant une photo du paysage avec la lune sur-exposée, puis une seconde photo avec la lune exposée correctement mais tout le reste dans le noir complet. Il ne reste plus ensuite qu'à faire un copier-coller sous Photoshop.

Parfois, la limitation du contraste peut être, tout comme la profondeur de champ, utilisée de façon créative.
Ceci est possible grâce à un mode que certains appareil proposent : la mesure spot. Elle consiste à examiner la luminosité d'une zone très réduite de l'image pour n'exposer correctement qu'elle. On obtient alors une image baigné de lumière, ou noyée dans le noir.


Danielle By the Window, première mise en ligne par Shari DeAngelo.
Dernier défaut que l'on a parfois, mais qui peut aussi être utilisé de façon créative : le reflet dans l'objectif.
Un objectif étant composé de nombreuses lentilles, et celles-ci étant en verre, la lumière peut se refléter de l'une à l'autre comme lorsque l'on met deux miroirs face à face. Ces nombreux reflets propagent l'image du diaphragme et donne des disques flous sur la photo.


hugging the sun......, première mise en ligne par *hb19.
Voilà, nous venons de terminer la seconde partie de cet atelier. Prochaine étape : la technique. À nous l'optique géométrique, l'approximation de Gauss, les échelles logarithmiques et les calculs d'exposition!



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